« Il y a des ombres au tableau, et pas des moindres ! »

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Pour son Assemblée Générale du 11 juin, plutôt qu’une suite d’allocutions, la CAPEB Meuse a souhaité profiter des restrictions liées au contexte épidémique pour favoriser des échanges interactifs entre les intervenants et ses adhérents.

Dominique Gaspar, Président de la CAPEB Meuse, nous a prévenu d’emblée, les problèmes d’approvisionnement en matériaux, matières premières et équipements, mais aussi de recrutement, constituent une source de tension des plus préoccupantes pour les artisans du bâtiment. « Il y a eu autant d’arbres de plantés en 2020 qu’en 2019, je ne comprends pas pourquoi on nous annonce des difficultés d’approvisionnement. Il s’agit selon moi d’une spéculation organisée », interprète le Président de la CAPEB Meuse. Cette nouvelle donne dont les premiers soubresauts ont été observés il y a déjà plus de 6 mois vient une nouvelle fois bousculer les plannings des artisans du bâtiment, qui fatiguent à force d’être confrontés à des montagnes russes. Après une activité ralentie par le confinement de mars / avril 2020, ils ont eu à ferrailler dur pour rattraper le temps perdu et parvenir à limiter l’impact de la crise sanitaire sur leur activité. « Les efforts déployés ont permis de limiter la casse avec un recul de 9 % à la fin de l’année. L’impact du deuxième confinement sur l’activité des entreprises a montré une grande capacité d’adaptation de nos structures artisanales, avec un résultat globalement satisfaisant. »

Pénurie de matériaux et flambée des prix

Fort d’une activité qui repartait à la hausse, notamment grâce à l’effet d’aubaine du dispositif MaPrimeRénov’, et de carnets de commandes bien garnis, les chefs d’entreprises du bâtiment pensaient pouvoir retrouver un peu de sérénité. C’était sans compter sur ce nouveau bouleversement des marchés. Aucune assurance de pouvoir fournir les clients dans les délais quand les fournisseurs se montrent incapables de donner des échéances ni même des tarifs. « Le prix du bois a connu une flambée de 30 % et les fournisseurs nous demandent de réserver sans pouvoir nous dire à quel moment nous serons livrés, ni à quel prix. Comment pouvez-vous vous organiser dans ces conditions ? », a souligné Dominique Gaspar. Cette hausse des prix risque par ailleurs de réduire à néant les efforts réalisés de haute lutte par les entreprises pour relancer l’économie, avec des professionnels contraints de réduire leur marge ou de travailler à perte pour respecter leurs devis. « Si nous n’agissons pas très rapidement, l’ensemble de la filière du bâtiment va se trouver bloqué dans ses chantiers en cours mais aussi dans sa capacité à répondre positivement à la commande publique et privée à l’échelle du territoire. »

« Le combat entre rester optimiste ou succomber aux inquiétudes reste ouvert » a-t-il conclu avant de laisser les chefs d’entreprises exprimer leurs inquiétudes. Lesquelles ont autant porté sur les difficultés d’approvisionnement que sur l’impossibilité de trouver de la main-d’œuvre pour remplacer les départs en retraite ou développer leur entreprise.

Une note d’optimisme

Les sénateurs Gérard Longuet et Franck Menonville ont pour leur part tenté de se montrer rassurants, en rappelant que la situation observée en ce moment est très proche de celles que l’on observe généralement lors des sorties de crises. « C’est un peu comme ce que l’on voit dans les bouchons sur l’autoroute. Un automobiliste apeuré commence à ralentir et ralentit tout le trafic. Le redémarrage se fait ensuite progressivement », a analysé Gérard Longuet. Franck Menonville a appelé à une médiation nationale afin que nous n’assistions pas à une rétention des matériaux et des matières premières, avant de rappeler que cet effet lié à la relance n’est que temporaire et que les choses se rééquilibreront. «En attendant, nous nous devons d’accompagner les entreprises pour qu’elles puissent traverser cette situation sans dégâts.»

Une opportunité de faire évoluer notre modèle économique

De son côté, Bertrand Pancher, député de la Meuse, a rappelé que cette sortie de crise constitue aussi une chance de faire évoluer notre système économique avant que le modèle anglo-saxon, avec ses 10 % de rendement imposés, ne fasse tout exploser. Il a également rejoint Dominique Gaspar sur ses analyses concernant la lourdeur administrative qui ralentit l’activité des entreprises, en invitant une nouvelle fois à en simplifier les démarches. « Il faut aller à fond vers la décentralisation de tout ce qui est possible et faire de l’Europe une Europe qui protège, notamment des spéculations financières. »

Redorer l’image de la profession

Tous les intervenants se sont également montrés très sensibles à la cause du recrutement, qui revient d’année en année lors des assemblées générales de la CAPEB Meuse. Deux axes de travail principaux sur lesquels tous les acteurs semblaient d’accord ont été soulevés : l’image des métiers du bâtiment qu’il convient de redorer, et le rapport au travail qu’il serait temps de revoir.

la DIRECCTE (représentée par Olivier PATERNOSTER, Directeur Départemental Adjoint), était présente pour répondre aux questions relatives aux problématiques de formation et recrutement

CAPEB : Maison de l’artisanat du Batiment – ZI des Poutôts à Savonnières Devant Bar – 03 29 76 18 09 – contact[@]capeb55.fr
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À propos de l'auteur

Directeur de publication Rédacteur, photographe et graphiste

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